Le coût économique de l'homophobie

LONDRES – En tant que gay vivant au Nigéria, j'ai dû choisir entre ma sexualité et mon travail. En 2004, je venais de terminer l'université et j'étais au début de ma carrière d'acteur. Je jouais un rôle - celui de Richard, le fils unique d'une famille riche qui avait une liaison avec la bonne - dans Roses and Thorns, un feuilleton populaire diffusé à une heure de grande écoute par Galaxy Television, l'une des chaînes les plus populaires du pays. Comme des rumeurs circulaient sur ma vie privée, j'ai décidé de révéler ma sexualité au cours de l'émission-débat la plus connue du Nigéria.

Presque aussitôt, mon personnage, Richard, a disparu du feuilleton. J'ai donc perdu mon emploi et ma sécurité financière. Comme beaucoup de lesbiennes et de gays en Afrique, j'ai dû choisir entre ma liberté économique et mon emprisonnement mental.

Cette année, le Nigéria et l'Ouganda mettent en place des lois anti-gay draconiennes qui suscitent un débat sur les droits humains à l'échelle de la planète. Ce débat existe aussi au sein de la Banque mondiale dont le président Jim Yong Kim a déclaré récemment que la "discrimination institutionnalisée est mauvaise pour les gens et pour les sociétés".

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