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Le paradoxe de la peine de mort au Botswana

LONDRES – En Afrique sub-saharienne, où le développement n’est pas au bout de ses peines, le Botswana fait figure d’exception par son économie saine, sa démocratie stable et son attachement à l’état de droit. Mais sur un point – son soutien à la peine capitale –, il montre une effrayante étroitesse d’esprit. Si le pays où je suis née veut conserver sa réputation d’État parmi les plus tolérants et ouverts d’Afrique, il doit s’interroger sur sa complaisance envers le gibet.

Selon Amnesty international, la plupart des pays d’Afrique renoncent à la peine de mort. On ne compte plus aujourd’hui que dix pays africains autorisant la peine capitale, et quelques-uns seulement l’appliquent encore. Le Botswana – pays riche, enclavé, exportateur de diamants – figure aux premiers rangs de ces exceptions. Après une pause dans les exécutions en 2017, le Botswana a mis à mort deux nouveaux condamnés pour meurtre, Joseph Tselayarona, âgé de vingt-huit ans, exécuté en février, et Ulyapo Poloko, conduit à la mort en mai, à l’âge de trente-sept ans.

Le système juridique du Botswana – qui fournit à la peine capitale sa justification – est fondé sur le régime de common law anglais et sur les principes du droit romano-hollandais. Selon le code pénal du pays, la sentence privilégiée pour un meurtre est la mort par pendaison. Et si la Constitution protège le « droit à la vie » des citoyens, elle autorise une exception lorsque le terme de cette vie est fixé par « exécution de la sentence d’un tribunal ».

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