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Le mensonge l’emportera-t-il ?

PRINCETON – L’étrange et quelque peu démoralisante campagne présidentielle américaine a été marquée par une absence de substance dans le débat, et par un déluge de mensonges. Comme l’a exprimé Joe Biden face à Donald Trump lors du premier débat télévisé, « Tout ce qu’il dit est un mensonge. Je ne suis pas là pour souligner ses mensonges. Tout le monde sait que c’est un menteur. »

En politique, plus le recours aux contrevérités est fréquent, plus chacun des camps dispose de grain à moudre pour accuser l’autre de mensonge. S’ensuit une spirale de malhonnêteté, qui rend impossible tout débat rationnel. Un mensonge en entraînant un autre, la politique normale se trouve remplacée par une politique de l’exception. Si nous le savons, c’est parce que ce phénomène ne constitue ni une nouveauté, ni une marque exclusive du XXIe siècle.

L’histoire abonde de périodes au cours desquelles une société s’est retrouvée submergée par le mensonge. Shakespeare décrivait déjà brillamment ce problème à travers ses pièces. Dans Comme il vous plaira, le bouffon de la cour, Touchstone, décrit en sept degrés l’escalade de la véhémence lorsqu’il s’agit de démentir : le quatrième degré est celui de la « Riposte vaillante, le cinquième la Riposte querelleuse, le sixième le Démenti conditionnel, et le septième le Démenti direct ».

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