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Trump contre lui-même dans sa propre politique ouïgoure

WASHINGTON – Le mois dernier, le président des États-Unis Donald Trump a promulgué une loi l’autorisant à prendre des sanctions contre des responsables chinois impliqués dans l’incarcération en masse de plus d’un million d’Ouïgours et de membres d’autres minorités à prédominance musulmane au Xinjiang, à l’ouest de la Chine. La loi de 2020 sur la politique des droits de l’homme envers les Ouïgours, née d’un projet bipartisan, condamne les violations des droits de l’homme et appelle les autorités chinoises à fermer immédiatement leurs centres de « formation professionnelle » dans la région, à garantir le respect des personnes et à permettre aux Chinois résidant sur le territoire national de renouer tous liens avec leur famille, leurs amis et leurs collègues de travail en dehors du pays.

Dans l’absolu, Trump pourrait prendre la tête des réactions mondiales en mettant en application cette loi avec la vigueur voulue. Des chercheurs de nombreux pays ont indiqué qu’outre leur détention, les Ouïgours étaient soumis à des tortures, au travail forcé et à la stérilisation. Et deux groupes militants Ouïgours ont exhorté la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter sur le génocide physique et culturel auquel ils accusent les autorités chinoises de se livrer.

L’écrivaine Anne Applebaum compare l’indifférence de l’Occident envers ce qui survient aujourd’hui au Xinjiang à la volonté délibérée des gouvernements européens et du Vatican d’ignorer la famine provoquée en Ukraine par Joseph Staline en 1932-1933 puis les camps de concentration nazis trente ans plus tard. On pourrait ajouter à la liste des événements plus récents. Si l’on considère ces précédents, la volonté affichée des États-Unis de condamner les agissements de la Chine et de lui en faire payer le coût, même s’il ne s’agit que de sanctions individuelles, est un pas dans la bonne direction.

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