varoufakis24_Robbie Jack - Corbis_ Minotaur in Royal Opera House London Robbie Jack - Corbis/Getty Images

Trump, le Dragon et le Minotaure

ATHÈNES – Si Donald Trump comprend quelque chose, c’est bien l’intérêt des faillites et du recyclage financier. Il est parfaitement au courant des avantages présentés par le défaut de paiement, suivi d’annulations massives de dettes et de la création d’actifs à partir de passifs. Mais saisit-il la profonde différence entre l’endettement d’un promoteur immobilier et celui d’une économie de premier plan ? A-t-il réalisé que la bulle de la dette privée de la Chine constitue une poudrière pour l’économie mondiale ? Beaucoup dépend de sa compréhension des enjeux.

Trump a été élu grâce à une vague de mécontentement populaire lié à la gestion catastrophique par les élites du boom économique pré-2008, comme de la récession post-2008. Sa promesse de mesures de relance nationales et d’une politique économique protectionniste destinées à créer de nouveaux emplois dans le secteur manufacturier l’a porté à la Maison Blanche. Mais qu’il puisse tenir cette promesse ou non dépend de sa compréhension du rôle que les États-Unis ont joué au « bon vieux temps », de celui qu’ils peuvent jouer aujourd’hui, et surtout du rôle prépondérant de la Chine.

Avant 1971, l’hégémonie mondiale des États-Unis était fondée sur l’excédent de la balance courante américaine par rapport au reste du monde capitaliste, qu’ils ont contribué à stabiliser en recyclant une partie de cet excédent en Europe et au Japon. Ces flux monétaires ont renforcé la stabilité économique et contribué à une baisse marquée des inégalités partout dans le monde. Mais à mesure que les États-Unis devenaient déficitaires, ce système mondial est tombé en panne, donnant lieu à l’émergence de ce que j’ai appelé le Minotaure planétaire.

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