jk859.jpg Jon Krause

Les nouveaux joueurs du Grand Jeu

NEW DELHI – Deux « grands jeux » agitent aujourd’hui l’Asie du Sud. À l’Ouest, l’Afghanistan –  et ce que Henry Kissinger appelle les « djihadistes islamistes » - menacent l’ordre international. À l’Est, des troupes chinoises ont été déployées en territoire pakistanais dans la région pittoresque du Gilgit-Baltistan, au cour du massif montagneux du Karakoram au Cachemire, non loin du plateau glaciaire du Siachen où l’Inde et le Pakistan campent sur leurs positions.

Senge Hasan Sering, originaire de Skardu et directeur du parti du Congrès du Gilgit-Baltistan, estime que « plus de 11.000 soldats » de l’Armée populaire de libération pourraient être présents dans la région, ainsi que des « membres du corps du génie de l’APL ». C’est dans cette région que la Chine investit « des milliards de dollars dans des énormes projets d’autoroutes, de tunnels et de pipelines pour le pétrole et le gaz ». Ces investissements, selon Sering, « n’ont sûrement rien à voir avec un altruisme débordant ».

Les autorités chinoises expliquent la présence de leurs troupes au Pakistan par une autre forme de débordement, à savoir les inondations qui ont frappé cette partie du Cachemire et le reste du Pakistan. Cette année, les pluies diluviennes de la mousson ont provoqué d’importants dégâts dans cette région montagneuse, coupant les routes, emportant les ponts et privant plus d’un demi million de personnes « de leurs foyers, de leurs terres, de leurs biens et même de cimetières ». La situation est plus grave que dans la région du Hunza, dont les habitants ont tout perdu en janvier dernier quand un violent orage a provoqué un gigantesque glissement de terrain, formant un lac de retenue qui a noyé plusieurs villages et qui menace aujourd’hui de déborder.

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