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Les Pères fondateurs versus Trump

BERKELEY – Dès le début de l’expérience des États-Unis d’Amérique, Alexander Hamilton, l’un des Pères fondateurs du nouveau pays, entretenait de sérieux doutes quant à la démocratie : « On ne peut lire l'histoire des petites Républiques de la Grèce et de l’Italie sans se sentir saisi d'horreur et rempli de dégoût par ... l’état d'oscillation perpétuelle entre les excès du despotisme et de l'anarchie » écrivait-il dans le Fédéraliste n° IX.

Dans la foulée, Hamilton vantait toutefois des principes tel que « la distribution régulière des pouvoirs en départements séparés, l'introduction de contrepoids et de freins législatifs, l'institution de tribunaux composés de juges conservant leurs charges tant qu’ils en sont dignes, la représentation du peuple dans la législature … ». « Tels sont les moyens », écrivait-il, « les moyens puissants, par lesquels on peut conserver les avantages du gouvernement républicain, et atténuer ou éviter ses imperfections ».

Pourtant, ces améliorations de la « science politique » définies par Hamilton pouvaient tout aussi bien s’appliquer aux monarchies qu’aux républiques et étaient en fait une émanation des monarchies. La maison Plantagenêt, qui a gouverné l’Angleterre du XIIe au XVe siècles, a mis en œuvre une importante réforme du processus judiciaire et établi le précédent consistant à obtenir le consentement du Parlement avant de prélever des impôts. De même, la bureaucratie et la distribution des pouvoirs auxquelles l’on peut s’attendre dans une république existaient au sein du Conseil des Indes et du Conseil de Castille, des institutions établies sous le règne du monarque Philippe II d’Espagne au XVIe siècle.

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