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Redonner espoir aux étudiants de lettres

HAMBOURG – Lors d'une conférence récente d'universitaires allemands et américains, j'ai suggéré que nos débats de haut niveau n'auraient de l'importance qu'à condition qu'ils servent à changer la vie des étudiants. Il ne suffit pas de dire aux étudiants de quelle façon les compétences développées en lisant de la littérature peuvent se transférer dans d'autres parties de leurs existences. Mais il s'agit plutôt que ces dernières les aident à devenir de meilleurs interprètes, de meilleurs amis, de meilleurs parents et de meilleurs citoyens les uns pour les autres.

J'avais prévu que cet argument allait susciter un certain scepticisme ou une insistance sur le fait que l'étude de grandes œuvres de la littérature est importante en tant que telle. À ma grande surprise, la réponse est allée bien plus loin que cela et a même inclus une accusation selon laquelle je cautionnais la « tyrannie ». L'idée que nous pourrions enseigner aux gens comment bien vivre, me dit-on, suppose à tort que nous savons nous-mêmes comment bien vivre et que nous avons raison d'imposer nos vues aux autres.

Il y a une certaine logique à cette source d'inquiétude. Après tout, les politiciens d'extrême-droite dans de nombreux pays tentent actuellement d'imposer leurs valeurs aux étudiants en interdisant certains sujets et certains livres. Mais je ne plaide pas en faveur d'enseignants universitaires qui seraient chargés de dire aux gens comment vivre. Mon point de vue consistait simplement en ceci : nous devrions aider nos étudiants à relier la salle de classe à leur vie quotidienne par une réflexion significative. La réponse enflammée que j'ai reçue en dit long sur la façon dont certains enseignants de lettres ont abdiqué leur rôle historique : aider les gens à trouver du sens.

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