roubini131_GettyImages_globelinegraphdown Getty Images

L’anatomie de la récession à venir

NEW YORK – Trois chocs d’offre négatifs risquent d’engendrer une récession mondiale d’ici 2020. Tous sont le reflet de facteurs politiques associés aux relations internationales, tous ont en leur cœur les États-Unis, et deux impliquent la Chine. Aucun de ces chocs n’est par ailleurs susceptible de faire l’objet des outils traditionnels de la politique macroéconomique contracyclique.

Le premier choc potentiel découle de la guerre commerciale et monétaire sino-américaine, qui s’est intensifiée ce mois-ci lorsque l’administration du président américain Donald Trump a menacé d’appliquer de nouvelles taxes douanières sur les exportations chinoises, accusant par ailleurs ouvertement la Chine de manipulation monétaire. Le deuxième motif d’inquiétude réside dans une guerre froide montante entre les États-Unis et la Chine autour des technologies. Dans cette rivalité qui a toutes les caractéristiques d’un piège de Thucydide, Chine et Amérique s’affrontent pour la domination des industries du futur : intelligence artificielle (IA), robotique, 5G, et la liste se poursuit. Les États-Unis ont placé le géant chinois des télécommunications Huawei sur une « liste d’entités » qui rassemble des entreprises étrangères considérées comme représentant une menace pour la sécurité nationale. Et si Huawei bénéficie d’une exemption provisoire lui permettant de continuer d’utiliser des composants américains, l’administration Trump a annoncé cette semaine l’inscription de 46 filiales supplémentaires de Huawei sur la liste.

Le troisième risque majeur concerne les approvisionnements pétroliers. Bien que le cours du pétrole ait diminué ces dernières semaines, et qu’une récession engendrée par une guerre commerciale, monétaire et technologique soit de nature à exercer un effet de dépression sur la demande en énergie ainsi qu’une baisse des prix, la confrontation entre les États-Unis et l’Iran pourrait entraîner l’effet inverse. Si les tensions venaient à dégénérer en conflit militaire, les cours mondiaux du pétrole pourraient grimper en flèche et engendrer une récession, comme ce fut le cas lors des conflagrations précédentes au Moyen-Orient en 1973, 1979 et 1990.

https://prosyn.org/cdU9GkKfr