Emmanuel Macron Chesnot/Getty Images

Leçons d’un été politique : vers une dictature universelle de la transparence ?

PARIS – La transparence s’est imposée comme un thème déterminant de la campagne présidentielle française de 2017. La controverse sur le soupçon d’emploi fictif, révélé par un célèbre hebdomadaire satirique, dont le candidat François Fillon aurait fait bénéficier son épouse et ses enfants, n’est évidemment pas étrangère à cette situation. Mais Emmanuel Macron en avait déjà fait une composante majeure de sa stratégie de communication et de son message politique.

Pourtant, par une sorte d’effet boomerang, cette même transparence a conduit très vite au départ de quatre ministres sur quinze du premier gouvernement d’Emmanuel Macron, d’abord un proche collaborateur du Président, pour des soupçons de favoritisme révélés par la presse dans ses fonctions privées antérieures, puis trois ministres du parti centriste, dont le leader François Bayrou, pour avoir rémunéré des collaborateurs de son parti sur des fonds affectés par le Parlement européen au paiement de leurs assistants parlementaires. Avant même toute intervention d’un magistrat dans ces affaires, le maintien au gouvernement de ces personnalités devenait inconcevable. Puis ce fut le tour d’un membre du Conseil constitutionnel qui, à peine nommé, dut se résoudre à la démission, dès lors que la presse faisait état d’un soupçon d’emploi fictif en faveur de sa fille et, peut-être, de sa femme quand il était membre du Sénat.

La liste s’arrête là pour l’instant, mais en plein milieu de l’été, un site d’investigation a encore tenté sa chance en mettant en cause deux ministres qui, avec d’autres amis, avaient loué, pour leurs deux semaines de vacances en Corse, une villa à la maîtresse d’un ancien trafiquant de drogue, de surcroît dirigeant nationaliste corse. Une probable défaut de vigilance de la part de celui qui s’était occupé de la location. A la faveur du mois d’août, le pétard a apparemment fait long feu.

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