Merkel and Macron German Government Press Office/Getty Images

Europe : le problème du noyau dur

PRINCETON – L’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République française et la probable reconduction d’Angela Merkel à la chancellerie de la République fédérale d’Allemagne sont en contradiction flagrante avec l’évolution du reste de l’Europe, qui devient de plus en plus instable et imprévisible. Et l’on peut se demander si le noyau franco-allemand de l’Union européenne n’est pas en train de devenir trop dur pour un bloc de plus en plus mou. S’il en était ainsi, ceux qui rêvent encore d’une intégration européenne « toujours plus étroite » pourraient devoir se contenter d’un modeste élargissement de l’axe franco-allemand.

L’Europe est aujourd’hui déchirée par des forces centrifuges, parmi lesquelles le mouvement séparatiste catalan et l’offensive plus feutrée des régions italiennes de Lombardie et de Vénétie en faveur de l’autonomie. Le populisme de droite est au pouvoir en Hongrie et en Pologne, et semble resurgir en Autriche. Les populistes de gauche gouvernent la Grèce, et l’avènement d’un populisme centriste paraît probable en République tchèque, où le milliardaire Andrej Babiš est sur le point de former un gouvernement et de devenir le prochain Premier ministre.

À n’en pas douter, l’UE est en proie à un brutal retour de manivelle qui frappe tout le spectre politique, comme l’indique le nom même du parti victorieux de Babiš, l’« Action des citoyens mécontents ». La cause de ce mécontentement, en revanche, est moins certaine.

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