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L'Europe ne doit pas se lancer dans une course aux subventions

MUNICH – La crise de l’énergie – plus particulièrement la pénurie de gaz due à la coupure des approvisionnements russes – plonge l’Europe dans la récession et provoque des tensions sociales autant que des conflits dans la répartition de la ressource. Les gouvernements européens cherchent en toute hâte à désamorcer cette situation explosive, mais ils n’y parviendront qu’à condition de coopérer pleinement les uns avec les autres. Le marché transnational de l’énergie doit rester ouvert, et l’Union européenne devrait pouvoir compter sur son pouvoir de marché lorsqu’elle achète du gaz à des pays tiers. Faute de stratégies nationales coordonnées de gestion de crise, la réponse européenne pourrait déboucher sur une course aux subventions, dans laquelle elle sera forcément perdante.

La hausse brutale des prix de l’énergie réduit la production comme la consommation, les ménages réagissant à l’augmentation des coûts en rognant sur leurs autres dépenses. Certains entament déjà leur épargne, mais beaucoup d’autres ne souhaitent pas y toucher, craignant d’en avoir besoin plus tard. Et d’autres encore, bien sûr, n’ont pas d’épargne.

Les prix élevés du gaz sont au cœur de la crise, car leurs conséquences se font sentir non seulement sur les factures de chauffage mais aussi sur la production industrielle et celle d’électricité. Lorsque la demande d’énergie est aussi forte, les énergies renouvelables, le charbon et les centrales nucléaires ne suffisent plus. Et comme le prix de l’électricité est déterminé par la centrale en activité la plus chère, l’augmentation du prix du gaz se traduit par une hausse brutale de celui de l’électricité. L’un et l’autre ont été multipliés par dix environ entre janvier 2021 et septembre 2022.

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