Refugees Louisa Gouliamaki/Stringer

Sauver les réfugiés pour mieux sauver l’Europe

NEW YORK – La crise des réfugiés en Europe avait déjà commencé à créer un risque de désintégration de l’Union européenne lorsque, le 23 juin, elle est venue influencer les Britanniques dans leur vote sur la sortie de l’UE. Cette crise des réfugiés, ainsi que le désastre du Brexit auquel elle a contribué, renforcent plusieurs mouvements xénophobes et nationalistes qui s’apprêtent à concourir dans le cadre de prochaines échéances de vote – parmi lesquelles les élections nationales françaises, hollandaises et allemandes de 2017, le référendum hongrois du 2 octobre sur la politique de l’UE relative aux réfugiés, ou encore un nouveau vote dans le cadre de l’élection présidentielle autrichienne reportée au 4 décembre.

Plutôt que de s’unir pour mieux faire face à cette menace, les États membres de l’UE se montrent de moins en moins disposés à coopérer les uns avec les autres. Sur la question des migrations, leur priorité demeure la poursuite de politiques du chacun pour soi, autocentrées – comparables à la construction d’un mur – qui fragmentent encore davantage l’Union, mettent sérieusement à mal les États membres, et trahissent les valeurs mondiales en matière de droits de l’Homme.

L’actuelle démarche confuse censée répondre à la crise des réfugiés, et qui a eu pour point culminant l’accord conclu plus tôt dans l’année entre l’UE et la Turquie dans le but d’endiguer le flux de réfugiés en Méditerranée orientale, présente quatre défaillances fondamentales. Pour commencer, cette réponse n’est pas réellement européenne, dans la mesure où l’accord conclu avec la Turquie a été négocié et imposé à l’Europe par la chancelière allemande Angela Merkel. Elle est en outre considérablement sous-financée. Troisièmement, elle transforme de facto la Grèce en terre d’accueil provisoire, alors même que le pays ne dispose pas des installations adéquates.

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