3377590346f86f100f25da01_ve923c.jpg Chris Van Es

L’étrange renaissance de la prédominance américaine

FLORENCE – Un profond pessimisme au sujet de l’avenir des Etats-Unis était palpable lors des récentes réunions de l’Association Economique Américaine. Selon un économiste, « l’ère de la prédominance américaine est révolue, » et selon un autre, « les Etats-Unis devraient se préparer à des conflits sociaux tandis que l’on recherchera les responsables de la dilapidation de la suprématie globale. »

Nous avons déjà entendu ce refrain de nombreuses fois, pas uniquement aux Etats-Unis, mais ailleurs aussi. L’histoire controversée de George Dangerfield, The Strange Death of Liberal England (L’Etrange mort de l’Angleterre libérale, ndt), décrit le déclin soudain de son pays alors qu’il se trouvait au zénith de sa puissance au tournant du siècle dernier. Ce monde que tous connaissaient semblait simplement et inexplicablement disparaître. De nombreux Américains – pensez aux adhérents du Tea Party, par exemple – craignent qu’une chose similaire soit en train de se passer dans leur propre pays. Si cela n’est pas déjà le cas.

Dangerfield basait son diagnostique sur une analyse croisée des institutions, de la politique et des personnalités, par rapport à l’amère lutte de classe de l’époque. Les Américains, cependant, ont généralement été plutôt opposés au principe de lutte des classes. Il est vrai que les Etats-Unis ont établi une structure de classe rigide, même si comparativement plutôt fluide, depuis leur fondation. Mais les Américains n’aiment pas discuter de cela, même lorsqu’ils se lamentent au sujet des folies des « élites ». Presque tous les Américains, à l’exception des plus riches et des plus pauvres, se définissent comme appartenant à la « classe moyenne ». Ainsi demeure la philosophie démocratique de l’Amérique.

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