L'Evangile de François

GLENDALE, CALIFORNIE – Les papes Jean XXIII et Jean-Paul II constituent un couple étrange au sein du catholicisme romain. Jean XXIII, le pape affable qui voulait assouplir une Eglise rigide et Jean-Paul II, le pape combatif qui s'est efforcé de limiter ce qu'il considérait comme les excès du Concile de Vatican II convoqué par Jean XXIII paraissent diamétralement opposés sur le plan idéologique. Pourtant le pape François va les canoniser tous deux ce mois-ci. C'est une décision surprenante qui éclaire ses objectifs et démontre qu'il ne veut pas de cette polarisation.

Il espère par cet acte rendre le catholicisme plus rassembleur et plus attirant. Il est certainement en très bonne position pour impulser ce changement. Sa popularité est considérable, elle dépasse même celle du président Obama lors de ses tout premiers jours à la Maison Blanche. On apprécie son enseignement par l'exemple et par des gestes spectaculaires, plutôt que par des encycliques - ce qu'illustre sa canonisation des deux stars rivales de Vatican II.

Cette stratégie sera-t-elle suffisante pour ramener dans le giron de l'Eglise les catholiques qui s'en sont éloignés ou pour combler le fossé entre la génération des partisans de Jean-Paul II, très majoritairement conservatrice, et les jeunes catholiques plus à gauche ? Les éléments récalcitrants de l'establishment catholique seront-ils sensibles aux changements introduits par François ?

https://prosyn.org/BjFGXLvfr