pisaniferry130_DANIEL ROLANDAFP via Getty Images_ecb Daniel Roland/AFP via Getty Images

L'inflation européenne n'est pas l'inflation américaine

PARIS – Alors que les prix à la consommation ont augmenté de 5% en rythme annuel dans la zone euro, il ne faut pas s’étonner que les requêtes Google concernant le terme « inflation » aient récemment triplé en Allemagne et décuplé en France. À première vue, tout suggère qu’à l’instar des États-Unis, où le rythme annuel de croissance des prix a atteint 7%, l’Europe aura du mal à vaincre le dragon de l’inflation.

Pour avoir trop longtemps balayé les craintes d’une augmentation des prix au motif que le risque principal était celui de la déflation, la Banque centrale européenne (BCE) est désormais sur la défensive, tout comme la Réserve fédérale américaine. Des voix critiques s’élèvent pour reprocher à la BCE de s’écarter à l’excès de sa cible d’inflation et d’avoir négligé son mandat principal, qui est de garantir une stabilité des prix. Pour certains même, l’heure de vérité est venue après des années d’une politique aventureuse.

Comme la Fed, la BCE ne peut échapper au reproche de ne pas avoir assez anticipé l’actuelle hausse de prix. Mais ce n’est pas une raison pour mettre les États-Unis et la zone euro dans le même sac. Contrairement à la conviction largement répandue selon laquelle l’inflation est de retour pour de bon des deux côtés de l’Atlantique, la perspective est fondamentalement plus sombre pour les États-Unis, et cela pour trois raisons.

https://prosyn.org/NJcHkpDfr