Merkel worried Steffi Loos/getty images

Le danger d’une Europe sans Allemagne

MADRID – Au cours des deux derniers siècles, la « question allemande » – celle de savoir comment contenir une Allemagne à la domination soutenue par l’imposante superficie du pays, par son importante capacité de production, et par sa position géographique au cœur de l’Europe – a fait l’objet de bien des inquiétudes, et provoqué une effroyable guerre. Aujourd’hui, à l’heure où s’effondrent les négociations autour de la formation d’une nouvelle coalition de gouvernement, la question allemande s’inverse totalement. Les dirigeants européens redoutent désormais que l’Allemagne ne soit plus en mesure d’assurer son leadership de guide et défenseur de l’Europe au sein d’un monde globalisé.

Après la Seconde Guerre mondiale, la solution à la question allemande originelle a consisté à intégrer solidement le pays dans les institutions européennes. Du Traité de Rome, qui a institué la Communauté économique européenne, au Traité de Maastricht, qui a établi l’Union européenne et la zone euro, l’Allemagne a composé l’un des deux piliers de l’indispensable axe franco-allemand, qui réside aux fondements du projet européen.

Au début des années 2000, l’Allemagne avait surmonté les défis de réunification, et le pays était en position d’affirmer encore plus son influence sur l’Europe. De son côté, la France n’était pas certaine de vouloir davantage d’intégration, et a ainsi voté non au projet de Constitution européenne en 2005. C’est alors qu’a débuté l’ère de l’ascendant allemand.

https://prosyn.org/Y6AovY2fr