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L'Europe parviendra-t-elle à envisager sérieusement sa défense ?

MUNICH – « Des mots, des mots, des mots » soupirait un invité de marque à la Conférence de Munich sur la sécurité lors d’une discussion sur la coopération entre représentants de trois pays européens. « La Chine recevra le message : “ nous ne lui donnons aucun motif d’inquiétude ” », ajoutait un autre sur les signaux envoyés à Pékin.

Un climat lugubre a pesé ce week-end sur toute la rencontre entre responsables politiques et experts de la sécurité, offrant le spectacle de dirigeants, dont beaucoup semblaient épuisés, dépassés par la conjonction des crises et l’accumulation des difficultés. La nouvelle de la perte de la petite ville d’Avdïïvka par les forces ukrainiennes n’aura probablement pas aidé. Les réserves de munitions de Kiev s’épuisent, et personne ne sait si le président des États-Unis, Joe Biden, parviendra à faire voter au Congrès un nouveau plan d’aide à l’Ukraine avant la fin de son mandat. En outre, la mort en prison d’Alexeï Navalny, le principal opposant russe, a souligné, si besoin en était, la brutalité de la dictature de Vladimir Poutine.

Mais le froid le plus glaçant aura été jeté par la perspective d’une seconde présidence Trump, qui affaiblirait l’OTAN et raviverait les tensions avec la Chine. Le calendrier ne pourrait être moins favorable : il se peut que la Russie tente d’envoyer dans l’espace des armes nucléaires, et le budget de défense de Pékin atteint des sommets historiques. Sur la scène de la conférence, le dialogue a surtout consisté (comme chaque année) à rassurer les alliés européens. Dans les couloirs pourtant, les participants américains avertissaient leurs amis qu’ils devraient commencer à prendre en main leur destinée.

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