Angela Merkel speaks at the beginning of the first working session of the G20 Nations Summit Thomas Lohnes/Getty Images

L’Europe entre Trump et Xi

PARIS – La dernière conférence ministérielle de l’OMC a fait fiasco. Malgré un ordre du jour relativement limité, les participants n’ont guère été en mesure de produire un communiqué commun. Mais alors que, la commissaire européenne au Commerce exprimait son vif mécontentement le représentant américain ne cachait guère sa satisfaction car tout affaiblissement de l’OMC est bon à prendre. Quant à la Chine, elle n'était pas forcément déçue du résultat m^me si comme souvent elle laisse volontiers à l’Inde le soin de monter en première ligne pour s'en prendre aux Occidentaux. Ces réactions en disent assez long sur les divergences d’intérêts qui existent aujourd’hui au sein de l’OMC. Une situation préoccupante pour l’Europe qui sur le commerce comme pour le reste risque une fois de plus de se trouver prise en tenailles entre une Amérique chaotique et nationaliste et une Chine déterminée mais tout aussi nationaliste.

A priori, la nouvelle donne commerciale mondiale marquée par le protectionnisme offensif de Trump laisse le champ libre à l’Europe pour assumer une forme de leadership multilatéral. De fait, la signature d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Japon va clairement permettre à l’agriculture européenne de marquer des points au détriment des États-Unis qui n’ont pas d’accord équivalent avec Tokyo. Certains à Bruxelles pensent donc qu’en multipliant des accords de libre-échange avec des partenaires commerciaux importants, l’Europe pourrait faire avancer ses intérêts au détriment de son rival américain. D’autres vont encore plus loin. Ils estiment que le vibrant plaidoyer de Monsieur Xi à Davos en faveur du multilatéralisme ouvre la voie à une forme de partenariat euro chinois pour contrer Trump. Mais ce raisonnement nous semble bien léger...

Certes, sur le plan tactique l’Europe peut tirer profit des choix brutaux et maladroits de Trump. Mais il serait illusoire de croire qu’elle en tirera un bénéfice stratégique. Car si Washington n’a plus forcément les moyens d’organiser le système commercial multilatéral à son seul avantage, il dispose malheureusement des ressources pour le détruire. Et cela ne peut que inquiéter l’Europe même si elle reste la première puissance commerciale mondiale. Une récente étude a d’ailleurs à montré que depuis 2008 la croissance des exportations de l’union européenne avait fortement pâti des obstacles mis en place par la Chine.

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