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Un doigt d’optimisme pour 2019

KOLKATA (CALCUTTA) – Au terme d’une année de traumatismes politiques et de conflits, je me suis senti pris d’un sentiment assez inattendu d’optimisme. J’étais à Mumbai, et je pouvais voir d’un côté la mer d’Oman, s’ouvrant à l’ouest vers le golfe d’Aden et l’Afrique, de l’autre le vaste sous-continent indien s’étendant à l’est vers le golfe du Bengale et les terres qui s’avancent encore au-delà.

Il n’est certes pas question de passer sous silence les catastrophes toujours en cours qui ont marqué l’année 2018. Au Yémen, des millions de civils, parmi lesquels des enfants, souffrent de la faim et de la violence aveugle. À la frontière sud des États-Unis, des réfugiés, fuyant la misère et les désordres, ne savent pas s’ils trouveront un havre ou des portes closes et des gaz lacrymogènes. Partout dans le monde, des politiciens nationalistes et mégalomanes lancent des guerres commerciales, attisent les haines et dérivent vers le fascisme.

Si je me sens optimiste, c’est parce que le mois dernier, j’étais en voyage, et d’une certaine façon à l’abri des nouvelles, des États-Unis au Mexique, puis en Chine et désormais en Inde. Au cours de mon périple, j’ai parlé avec des marchands qui avaient leur étal le long de la route, avec des étudiants, avec des étrangers dans des cafés, et lorsqu’on fait tout cela, il est impossible de ne pas voir combien tous ces gens, sur la planète, se ressemblent et de ne pas en être frappé. Nous ne parlons peut-être pas la même langue, ni ne portons les mêmes vêtements, ni n’avons les mêmes coutumes, mais notre humanité partagée, dans toutes ces conversations et au gré de toutes ces rencontres, devient une évidence. En un temps où se répand la haine de l’« autre », voilà qui est réconfortant. 

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