basu35_PAUL J. RICHARDS_AFP_Getty Images PAUL J. RICHARDS/AFP/Getty Images

Comment éviter qu’en démocratie le vainqueur ne rafle la mise ?

NEW DELHI – La démocratie est en crise. Les nouvelles falsifiées – et les fausses allégations de nouvelles falsifiées – envahissent aujourd’hui le discours public et les partis politiques se montrent de plus en plus enclins à employer la xénophobie et toutes sortes de stratégies fondées sur la médisance pour remporter les élections. Au même moment, des puissances révisionnistes, comme la Russie de Vladimir Poutine, redoublent d’efforts pour s’immiscer dans les élections en Occident. Rarement les États-Unis ont été témoins d’attaques aussi hardies contre leur système politique, et rarement le monde a connu, en temps de paix, de telles bassesses.

La crise de la démocratie n’est pourtant pas totalement nouvelle. Lorsque j’étais étudiant à Delhi, au début des années 1970, il était considéré comme de notoriété publique que les États-Unis « participaient » aux élections indiennes. Alors comme aujourd’hui, les rumeurs que faisaient circuler des canaux de communication informels rendaient difficile au citoyen la tâche de séparer la fiction des faits. Une blague – qui n’en était pas toujours une – avait cours : si vous suspectiez quelqu’un d’être un agent de la CIA, vous deviez immédiatement téléphoner au bureau local des services de renseignements indiens, mais ne pas vous étonner si, à l’autre bout de la ligne, cette personne décrochait elle-même le téléphone.

Cela dit, les événements atteignent aujourd’hui un tout autre niveau. Le Royaume-Uni quittera bientôt l’Union européenne, avec ou sans accord de sortie finalisé. Et les États-Unis se sont lancés dans l’escalade de la guerre commerciale, qui pourrait se poursuivre par une ravageuse guerre des devises. Comment tout cela peut-il survenir dans des démocraties, et que pouvons-nous y faire ?

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