Amour et mariage en Corée du Nord

NEW YORK – Imaginez le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en smoking, attendant nerveusement à l’autel (ou au sanctuaire) de son grand-père, Kim Il-sung, et de son père, Kim Jong-il. Il contemple le visage de sa future épouse, anticipant le moment où il pourra embrasser la mariée. Un tel événement ne peut bien sûr qu'être imaginaire dans la Corée du Nord actuelle. Dans les images rendues publiques, les nouveaux mariés sont chastement côte à côte, mais à une distance appropriée, ou elle le suit de quelques pas.

Bien que les observateurs des affaires nord-coréennes soient à la fois intrigués et déconcertés par le mariage de Kim Jong-un et les bribes d’informations parues dans les médias, ce « nouveau développement » n’est pas surprenant. Il ne présage en rien d’une nouvelle attitude du jeune dirigeant, qu’il s’agisse de réformes politiques ou économiques. Il ne constitue pas non plus une tentative de se rallier les citoyens les plus jeunes. La véritable signification du mariage de Kim Jong-un réside dans les traditions et pratiques dynastiques coréennes.

Pour les Coréens des deux côtés du 38ème parallèle, le mariage est depuis toujours un pivot de la vie sociale. Le Population Reference Bureau (PRB) indique qu’en 2008, seulement 25 pour cent des femmes nord-coréennes entre 25 et 29 – et 4 pour cent des femmes entre 30 et 34 ans – n’étaient pas mariées. Au sein de l’élite de Pyongyang, le mariage est de rigueur, avec 80 pour cent de la population adulte de la ville enregistrée comme étant mariée. En fait, un Coréen doit être marié, et avoir des enfants, pour être considéré comme un adulte – un constat qui vaut également pour le leader nord-coréen et son épouse.

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