Le discret Shogun du Japon

OSAKA – Au terme de la lune de miel post-élection, les Japonais prennent de plus en plus conscience qu’Ichiro Ozawa, secrétaire général du Parti Démocratique du Japon (PDJ) au pouvoir, est celui qui tient les ficelles derrière le cabinet du premier ministre Yukio Hatoyama.

Bien que se tenant à distance du processus à proprement parlé décisionnaire de l’exécutif, Ozawa est dans les faits le cerveau du processus législatif dans son intégralité, y compris en ce qui concerne le budget et la ventilation des dépenses. Il a centralisé les contacts du PDJ en intégrant des lobbyistes au sein même de son bureau à la Diète, le parlement japonais. Il exerce aussi une totale main mise sur les subventions publiques que perçoit le PDJ pour les parlementaires du parti. Hatoyama ne contrôle, hélas, que le domaine très étroit des politiques.

Le style politique d’Ozawa est celui de son mentor, l’ancien Premier Ministre Kakuei Tanaka (1972-1974), qui devint pour de longues années le patron du principal courant du Parti Libéral Démocrate (PLD), au pouvoir précédemment, après sa démission suite à des accusations de corruption. Après avoir négocié des alliances avec d’autres courants, Tanaka s’est retrouvé à la tête d’une majorité à l’intérieur du PLD, tirant les ficelles du parti et disposant ses pions sur l’échiquier politique dans les différents gouvernements successifs. Il réussit ainsi à parfaire la combinaison quasi sociale-démocrate du PLD entre une croissance tirée par les exportations et une distribution toute personnelle des richesses. Récemment, Ozawa convoquait la presse télévisée alors qu’il se rendait sur la tombe de Tanaka, s’autoproclamant ainsi son héritier officiel pour l’opinion publique.

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