child robot chess Vyacheslav Prokofyev\TASS via Getty Images

Pourquoi les échecs demeurent un jeu humain

CAMBRIDGE – Aux angoisses que suscitent l’intelligence artificielle et ses conséquences sur l’avenir du travail humain, le récent championnat du monde d’échecs, qui s’est joué à Londres, offre un contrepoint. L’humanité ne va pas inverser le rapport de force dans la marche du progrès. En revanche, ce qui est remarquable, c’est à quel point le match entre le champion en titre, le Norvégien Magnus Carlsen, vingt-sept ans, surnommé le « Mozart des échecs », et son challenger américain de vingt-six ans, Fabiano Caruana, était humain.

Il fut un temps où les ordinateurs semblaient devoir sonner le glas des échecs, sans parler des autres jeux humains de l’esprit. Je croyais probablement moi aussi à cette mort vers la fin des années 1970, et le développement des ordinateurs fut l’une des raisons pour lesquelles je décidai d’abandonner la compétition aux échecs.

Diplômé du MIT, j’eus le privilège de jouer un certain nombre de parties contre le programme qu’avait mis au point un informaticien de génie, le légendaire Richard Greenblatt. Il avait relié une grosse boîte à l’ordinateur principal de l’université et pouvait ainsi lui faire cracher tous les coups autorisés pour une situation de jeu donnée. Si son programme parvenait « seulement » au niveau d’un bon joueur de club et si j’étais encore capable de le battre régulièrement, l’expérience me montrait clairement à quoi il fallait s’attendre, quoique les choses advinrent moins vite que je ne le prévoyais alors.

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