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Impôt mondial : la duplicité des pays riches

NEW YORK – Les deux années qui viennent de s’écouler ont jeté une lumière crue sur les injustices structurelles qui sont au fondement de l’économie mondiale. Alors que la pandémie de Covid-19 a précipité dans l’extrême pauvreté une population estimée entre 88 et 115 millions de personnes, les milliardaires de la planète ont vu croître leur fortune de plus de 25 %. Et tandis que les pays du Nord administrent désormais des rappels du vaccin, ceux du Sud ont toujours des difficultés à obtenir pour leurs populations ne serait-ce que les premières doses.

Une telle inégalité, effroyable, est inextricablement liée à une délinquance fiscale transfrontalière endémique, les infractions étant commises tant par des entreprises multinationales que par des individus fortunés. En refusant d’acquitter leur juste part d’impôt, les acteurs les plus riches de la scène mondiale volent aux pays pauvres une recette dont ils ont désespérément besoin pour faire face à la pandémie, notamment pour sécuriser leurs approvisionnements en vaccins et pour venir en aide à leurs populations les plus vulnérables.

Les dirigeants du G20 affirment – avec une certaine complaisance – qu’ils prennent le problème à bras-le-corps : ils se sont récemment accordés pour mettre en place un taux d’imposition minimum mondial sur les sociétés, mettant ainsi un terme à la « course au moins-disant » qu’alimente la compétition pour les investissements étrangers. Mais le taux convenu n’est que de 15 % et ne cible qu’une mince part des profits de 100 multinationales. La mesure aidera les pays pauvres à peu près autant qu’un verre d’eau jeté sur un feu de forêt.

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