peto1_2_ Omar Marques_SOPA_Images_LightRocket Omar Marques/SOPA Images/LightRocket via Getty Images

La liberté intellectuelle et ses nouveaux ennemis

BUDAPEST – L’exposition que consacre à la Première Guerre mondiale la Maison de l’histoire européenne, à Bruxelles, offre au visiteur une vision saisissante. En un geste aussi simple que spectaculaire, le musée présente, dans une vitrine disposée au centre de la salle, le pistolet utilisé en juin 1914 pour assassiner l’archiduc François-Ferdinand.

Après des débats enflammés, nous informe notre guide, le musée a accepté que les objets exposés « tournent » de temps à autre, pour que les différents pays puissent valoriser leurs plus précieuses reliques historiques. Mais lorsque je fais remarquer, quelque peu irritée, que le pistolet utilisé par Gavrilo Princip à Sarajevo ne peut lui aussi « tourner », le conservateur me réplique que la pièce authentique est revendiquée par quatre musées européens différents.

J’ai beau respecter et défendre la pluralité des traditions nationales européennes, c’est la gâchette d’un seul pistolet et non de quatre qui a déclenché la Première Guerre mondiale. Lorsque des faits historiques apportent une réponse unique à une question, le « pluralisme » et l’« inclusion » sont hors sujet. La réponse doit venir de spécialistes formés avec rigueur à l’histoire d’une époque déterminée (et familiers de ses sources), non des rédacteurs d’un programme politique.

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