Clients surf the internet in Congo Federico Scoppa/Getty Images

Libérer l’Internet en Afrique

WASHINGTON, DC – Au grand désarroi des autorités publiques à Addis-Abeba, « Zone 9 » est devenu un nom très connu dans l’Éthiopie. Depuis 2012, ce groupe restreint de journalistes métamorphosés en militants en ligne s’est servi des médias sociaux pour prôner les libertés politiques et les droits civiques dans leur pays. Le succès du groupe — mesuré, par exemple, par l’afflux d’appréciations positives et de commentaires sur leur page Facebook — est arrivé malgré les efforts du gouvernement de réduire au silence les auteurs, notamment en écrouant six de ses membres en 2014 sur des chefs d’accusation forgés de terrorisme.

Le gouvernement de l’Éthiopie n’est pas le seul à vouloir consolider son pouvoir politique en restreignant les échanges des citoyens dans l’agora numérique. Dans toute l’Afrique, l’État promulgue des législations pour restreindre l’accès à l’Internet et interdire toute critique envers les responsables élus. Les militants du virtuel font face à une myriade de tactiques de censure, dont des attaques de « protocoles de contrôle d’accès à l’Internet », « de ralentissement artificiel du trafic HTTP » et des « inspections approfondies des paquets ».

Le plus ironique, est évidemment que la censure parvient rarement à faire taire les populations marginalisées. Au lieu de tuer dans l’œuf la dissidence, la répression du gouvernement ne fait qu’inciter encore plus de gens à mettre leurs doléances sur WhatsApp, Facebook, Twitter et autres plateformes de média social, où les Africains défient de plus en plus les gouvernements corrompus, dénonçant des élections truquées et exigeant d’être entendus.

https://prosyn.org/vyAI8X2fr