dr2967c.jpg Dean Rohrer

Pourquoi commerce « équitable » ?

LONDRES – Historiquement, le terme «amp#160;commerce équitableamp#160;» a pu revêtir bien des significations. Une Ligue du commerce équitable fut fondée en Grande-Bretagne en 1881 afin de restreindre les importations en provenance de pays étrangers. Aux États-Unis, les syndicats d’entreprises et de travailleurs recourent à des lois de «amp#160;commerce équitableamp#160;» pour bâtir ce que l’économiste Joseph Stiglitz qualifie de «amp#160;barrières barbelées aux importations.amp#160;» Ces soi-disant lois «amp#160;anti-dumpingamp#160;» permettent à une société qui suspecterait un rival étranger de vendre un produit à perte de réclamer que le gouvernement impose des barrières tarifaires spéciales destinées à la protéger d’une concurrence «amp#160;inéquitableamp#160;».amp#160;

Ces sombres conceptions protectionnistes sont bien éloignées de la mentalité des organisateurs bénévoles de cet événement annuel britannique qu’est la «amp#160;quinzaine du commerce équitableamp#160;», à l’occasion de laquelle j’ai récemment acheté deux barres de chocolat et un pot de beurre de cacahuète issus du commerce équitable. Leur noble objectif est d’augmenter le tarif versé aux les agriculteurs des pays en voie de développement pour leur production, en supprimant les profits excessifs des intermédiaires dont ils dépendent pour distribuer leurs produits sur des marchés éloignés. Les produits du commerce équitable comme le cacao, le café, le thé et les bananes n’entrent pas en concurrence avec la production domestique européenne, et ne justifient par conséquent aucun motif de protectionnisme.

Voici comment les choses se passent : en échange de percevoir un prix garanti et de répondre aux «amp#160;standards conventionnels en matière de droit du travail et d’environnementamp#160;» (salaire minimum, absence de pesticides), les coopératives agricoles des pays pauvres voient leurs produits marqués d’un label FAIRTRADE (COMMERCE ÉQUITABLE), accordé par l’Organisation d’étiquetage FAIRTRADE. Cette certification permet aux grandes surfaces et aux autres commerces de vendre les produits à un prix plus élevé. Les fermiers des pays du Sud voient leurs revenus boostés, tandis que les consommateurs du monde occidental ont le sentiment d’avoir fait une bonne action : un véritable mariage au paradis.

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