L'avenir de Fukushima

TOKYO – Deux ans se sont écoulés depuis l'accident nucléaire de Fukushima et l'intérêt international sur son impact commence à faiblir. Mais cet impact continue de se faire sentir et pas seulement dans le débat public mondial sur l'avenir de l'énergie nucléaire. Plus de cent mille personnes sont toujours déplacées, certaines ont perdu leur famille, leur foyer, leurs biens et parfois même le désir de vivre suite à cet accident.

L'industrie nucléaire du Japon, les organismes de réglementation officiels et les autorités ont la responsabilité d'expliquer clairement pourquoi la science et la technologie n'ont pas pu réduire le risque et les conséquences d'un tel accident dans un pays géologiquement vulnérable comme le Japon. Ils doivent aussi expliquer pourquoi une décontamination excessivement onéreuse est prévue dans des zones à faible contamination où l'impact est négligeable sur la santé publique, et pourquoi un système de gestion des déchets mal défini et peu opérationnel est mis en place. Les leçons tirées de cet accident peuvent aider non seulement à réduire le risque de futurs accidents, mais aussi à faciliter la reprise dans des régions du monde contaminées par des substances radioactives ou par d'autres substances toxiques.

Le Japon a une bonne réputation internationale en matière de gestion des catastrophes naturelles. Mais la pire conjonction de phénomènes, à savoir le tremblement de terre et le tsunami les plus forts de toute l'ère industrielle, puis l'effondrement des trois cœurs de réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi qui s'ensuivit, ont surpassé tous les scénarios envisagés jusqu'à présent. Les autorités nationales et les communautés locales du Japon n'ont eu aucun plan de secours à leur disposition pour faire face à la situation dans les secteurs contaminés, ce qui a donné lieu à des réponses ad hoc caractérisées par l'inefficacité et par une mauvaise communication, en particulier sur la question du risque radiologique.

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