Woman carrying flag of Syria Adolfo-Lujan/Flickr

Le nœud syrien

BERLIN – Depuis quatre ans, une guerre sanglante fait rage en Syrie. Ce qui avait débuté par un soulèvement démocratique contre la dictature de Bachar Al-Assad est devenu un entrelacs de conflits d’intérêts, reflétant en partie la lutte brutale que se livrent par procuration l’Iran, la Turquie et l’Arabie saoudite pour la domination régionale. Cette guerre, comme l’ont démontré les affrontements au Yémen, risque de déstabiliser l’ensemble de la région. Et la Russie cherche à présent à rehausser son statut de puissance mondiale vis-à-vis de l’Occident (et des États-Unis en particulier) en intervenant militairement pour appuyer le régime d’Al-Assad.

Le conflit en Syrie se joue donc au moins sur trois niveaux : local, régional et mondial. Et parce qu’on a laissé cette guerre durer et s’envenimer, elle a déjà fait plus de 250.000 morts, selon l’estimation des Nations unies. Cet été, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés a quant à elle estimé que le nombre de réfugiés ayant fui la Syrie s’élevait à quatre millions, avec quelques 7,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur du territoire syrien. En conséquence, le flux de réfugiés syriens en Europe présente l’un des défis les plus sérieux que l’Union européenne ait eu à relever jusqu’à présent.

La guerre civile syrienne est également devenue l’un des terreaux le plus fertile et le plus dangereux du terrorisme islamiste, comme l’ont démontré les attentats perpétrés par l’État islamique à Ankara, Beyrouth et Paris, et la revendication de la destruction d’un avion civil russe au-dessus du Sinaï. Par ailleurs, après que la défense aérienne turque ait abattu un chasseur russe, le risque de voir les principales puissances participer directement au conflit a augmenté. Et la Turquie, en tant que membre de l’Otan, aurait droit à une assistance militaire de l’Alliance atlantique si elle était attaquée.

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