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Les limites de la protestation de masse dans une dictature

LONDRES – Hong Kong n’est pas Pékin. Et le 1er juillet 2019 n’est pas le 4 juin 1989. Premièrement parce qu’en 1989, la violence fut presque entièrement exercée par l’État ; les semaines de manifestations à Pékin et dans d’autres villes s’écoulèrent dans un climat remarquablement pacifique. Il en a longtemps été de même à Hong Kong, jusqu’à ce qu’un petit nombre de jeunes protestataires perdent leur calme et saccagent le bâtiment du Conseil législatif avec des pieds-de-biche et des marteaux.

Les énormes manifestations qui se sont déroulées à Hong Kong ces dernières semaines ont été déclenchées par une proposition de loi autorisant l’extradition de la région administrative spéciale vers la Chine continentale. Le projet de loi a été suspendu indéfiniment après les premières protestations. Depuis lors, les manifestations se sont poursuivies, nourries par la colère contre les restrictions croissantes imposées par le Parti communiste chinois (PCC).

Le mouvement de protestation de la place Tiananmen, en 1989, avait démarré avec une pétition demandant au PCC de mettre un terme à la corruption de l’administration et d’accorder plus de libertés civiles – libertés dont la population de Hong Kong jouissait déjà, même sous le régime colonial. Le gouvernement chinois promit que ces libertés seraient préservées après la rétrocession du territoire par les Britanniques, le 1er juillet 1997. Cette promesse est aujourd’hui en cause.

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