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Crises alimentaires: place aux architectes !

Quelles doivent être les priorités du G20 face aux crises alimentaires ? Dans un message publié début janvier sous le titre « Le libre marché peut encore nourrir le monde », le président de la Banque Mondiale, Robert Zoellick, propose 9 mesures que le G20 devrait selon lui adopter sous la présidence française. Ces mesures vont de l'amélioration de la transparence sur les stocks de céréales au renforcement des filets de sécurité sociale pour les pauvres, en passant par un soutien rapide aux pays victimes de hausses de prix et par l’appui aux petits agriculteurs afin qu’ils puissent vendre leur production aux grands fournisseurs d’aide alimentaire tels que le Programme Alimentaire Mondial.

Nombre de ces mesures sont à la fois nécessaires et bienvenues. Mais elles traitent des symptômes du mal qui s’est développé dans le système alimentaire mondial, laissant de côté les causes. Les mesures préconisées peuvent certes atténuer les effets des flambées de prix, mais elles sont totalement insuffisantes pour éviter une répétition continue des chocs. Si le G20 souhaite s’attaquer aux causes des crises alimentaires et éviter ainsi de nouvelles catastrophes, il devrait concentrer ses efforts sur les 8 priorités suivantes:

1. Soutenir la capacité de tous les pays à se nourrir eux-mêmes. Depuis le début des années 1990, la facture alimentaire de nombreux pays pauvres a été multipliée par cinq ou six du fait de la croissance démographique et d'un manque d'investissement dans l'agriculture vivrière. La promotion continue d’une agriculture d'exportation a rendu ces pays très vulnérables à la volatilité des changes et aux flambées des prix sur les marchés internationaux. Le Mozambique, par exemple, importe 60% du blé consommé par sa population, et l’Egypte importe la moitié de ses besoins alimentaires.  Dans ces conditions, toute hausse de prix affecte directement la capacité des pays à se nourrir à des conditions fiscalement acceptables. Cette tendance doit être inversée au plus vite. Il faut permettre aux pays en développement de renforcer leur agriculture vivrière. Il faut soutenir leurs petits agriculteurs et, lorsque l'offre intérieure est suffisante, protéger ceux-ci contre le dumping des produits agricoles sur leurs marchés locaux.

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