w0Les deux avenirs possibles de l’Europe

L’Europe présente aujourd’hui une image contradictoire. C’est une région en paix, démocratique et d’état de droit. C’est aussi une région prospère : son économie est compétitive, sa monnaie forte, l’inflation faible et son niveau de vie est l’un des plus élevés au monde. Les Européens bénéficient de systèmes de protection sociale efficaces, d’une éducation de qualité à moindre coût, de normes environnementales strictes et d’excellentes infrastructures. L’Europe peut en outre se targuer d’une diversité culturelle et de paysages incomparables. On croirait un rêve utopique.

Avec quelque 500 millions d’habitants et le plus vaste marché unique au monde, l’Europe, même si elle n’est pas perçue par le reste du monde comme une union, est aussi un géant économique. Mais politiquement, c’est une naine – et dont l’importance va décroissant. Notre époque est celle de grands États, et l’émergence progressive de la Chine et de l’Inde, avec les Etats-Unis et le Japon, rendront rapidement les principales puissances européennes insignifiantes. Aujourd’hui déjà, les trois principaux États de l’Union européenne, s’ils parviennent tout juste à compenser la perte d’influence politique de l’Europe, ne sont en aucune mesure capables de s’opposer au rouleau compresseur des grandes puissances. Sans une Union européenne forte, cette évolution ne fera que s’amplifier.

Le monde en dehors de l’Europe évolue rapidement et il n’attendra pas l’Europe, enlisée dans un pénible processus d’introspection. Les alternatives sont claires : suivre le rythme ou être à la traîne.

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