67acef0246f86fd01969b309_px2367.jpg Pedro Molina

Les pauvres peuvent-ils sauver le monde ?

PARIS – Jusqu'à présent, les événements de 2012 confirment une nouvelle dissymétrie mondiale. Pris entre une insécurité financière sans précédent et une perspective économique des plus sombres, les pays riches de l'OCDE et leurs classes moyennes craignent un affaiblissement géopolitique et une mobilité sociale vers le bas. Néanmoins, dans la plus grande partie de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique latine, l'optimisme règne.

Ce retournement inattendu encourage le protectionnisme dans les pays développés - ce qu'illustrent les appels à la démondialisation en France. Pendant ce temps dans les pays émergents, après des décennies d'arrogance de l'Occident, la fierté se manifeste parfois par une certaine suffisance teintée de schadenfreude [joie provoquée par le malheur d'autrui]. Mais comme tous les pays, développés, émergents ou en développement, dépendent maintenant étroitement les uns des autres, soit ils sortiront tous ensemble tant bien que mal de la crise, soit ils entreront dans une zone dangereuse sans précédent depuis les années 1930.

Un nouveau modèle de croissance tirée par les exportations est apparu après la Deuxième Guerre mondiale. Il a été adopté par un nombre croissant de pays en développement, ce qui a permis aux pays industrialisés d'acquérir matières premières et biens d'équipement. Cette nouvelle économie a été indéniablement un succèsampnbsp;: plus de personnes sont sorties de la pauvreté au cours du 20°ampnbsp;siècle que lors des 2000 ans qui ont précédé. Elle a également enrichi les pays de l'OCDE, car les importations de produits et de services bon marché ont augmenté leur pouvoir d'achat.

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