Europe : Discipline budgétaire ou gouvernement économique ?

LONDRES  – La réaction des chefs de gouvernement de l'UE et de la Banque centrale européenne (BCE) face à la dette grecque n'est pas satisfaisante. Ils ont d'abord rejeté l'idée d'appeler le FMI à la rescousse, alors qu'ils n'avaient pas de solution de remplacement. On peut en déduire que la raison en tenait notamment à la réticence du président Sarkozy qui ne souhaitait pas voir le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, venir de Washington à l'aide la zone euro - d'autant qu'il pourrait être son concurrent socialiste lors de la prochaine élection présidentielle française.

La Grèce est-elle le "canari dans la mine de charbon", le signal d'alarme qui indique que l'union monétaire européenne est au bord de l'effondrement, le Portugal, l'Italie et l'Espagne, chutant les uns après les autres derrière la Grèce ? Georges Soros craint que cela ne se produise et il estime que la zone euro n'a qu'une chance sur deux de survivre sous sa forme actuelle.

Cet épisode a mis au grand jour les défauts de la gouvernance de l'euro - des défauts qui ne surprennent guère certains des créateurs de la monnaie commune. Helmut Kohl, l'un des principaux pères de l'euro déclarait en 1991 :"L'idée de maintenir une union économique et monétaire dans la durée en l'absence d'union politique est une erreur." Dans le camp opposé, Margaret Thatcher écrit dans ses mémoires : "Je crois que la monnaie unique européenne est condamnée à échouer économiquement, politiquement et socialement, même si l'on ne peut prédire quand et comment, ni quelles en seront les conséquences". Il y a sans doute maintenant un marché pour la traduction en grecque de son livre.

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