Gouvernance bien ordonnée commence par soi-même

Il semblerait que la déplorable affaire Paul Wolfowitz tire finalement à sa fin. Il est difficile de croire que celui-ci pouvait rester à la Banque mondiale, et il est temps de s’interroger en détails sur l’avenir cette institution. J’ai désapprouvé dès le début la façon dont Wolfowitz avait été choisi, car je m’oppose depuis longtemps au vieil accord entre les américains et les européens, selon lequel les premiers nomment systématiquement le président de la Banque mondiale et les seconds, le directeur général du FMI. Cet accord tacite date de la fondation des institutions de Bretton Woods, à une époque où le colonialisme était bien présent, mais qui n’a plus de sens au XXIe siècle.

Selon certains rapports, les leaders européens ont indiqué aux Etats-Unis que si Wolfowitz se retirait rapidement et calmement, ils pourraient choisir son successeur. Il est simple de comprendre pourquoi les Etats-Unis et l’Europe veulent continuer à agir comme si de rien n’était, or, ce genre de marché revient à manquer une occasion. Je ne vois pas de meilleur moyen pour restaurer la confiance dans ces deux institutions vénérables que de faire évoluer, enfin, la façon dont leurs dirigeants sont sélectionnés.

L’une des leçons à tirer du fiasco de Wolfowitz est que le sentiment des parties prenantes et des employés sur la direction de la Banque compte véritablement. Dès le début, les gens avaient des préjugés contre Wolfowitz en raison de son engagement dans la guerre en Irak, mais étaient prêts à lui donner une chance. D’aucuns avancèrent qu’il deviendrait peut-être un nouveau Robert McNamara, Secrétaire américain à la Défense qui a contribué au bourbier de la guerre du Vietnam, puis fait pénitence à la Banque.

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