fischer214_Georg WendtGetty Images_macron scholz Georg Wendt/Getty Images

Les querelles franco-allemandes font le bonheur de Poutine

BERLIN – La relation franco-allemande a toujours été compliquée, jamais exempte de conflits ou de tensions. Chacun sait combien la coopération entre ces deux États clés de l’Union européenne est nécessaire et s’inscrit dans l’intérêt du bloc tout entier. France et Allemagne n’ont malheureusement jamais pleinement surmonté leur rivalité historique, ni l’actuelle.

Parmi les raisons à cela, la France et l’Allemagne sont de puissance égale, dans des dimensions toutefois différentes. Au cours des 70 dernières années d’unification européenne progressive, l’Allemagne – bien que divisée entre 1945 et 1990 – s’est montrée économiquement puissante, mais diplomatiquement réservée. La France, de son côté, a présenté des points forts militaires et culturels, ainsi qu’une tradition ininterrompue en tant que puissance européenne. Après la défaite de l’Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale, Charles de Gaulle a œuvré pour affirmer pleinement la confiance renouvelée de la France.

L’Allemagne se situait alors à l’exact opposé. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle était une puissance faillie, à la réputation de déclencheuse de catastrophes en Europe. L’État allemand et la culture du pays n’étaient plus définis que par l’écroulement moral complet de l’ère Hitler. Les nazis avaient entraîné l’Allemagne dans la barbarie, utilisant technologies modernes et théories pseudo-scientifiques pour commettre un génocide contre les Juifs européens, les Roms et d’autres populations, ainsi que pour dévaster de grandes étendues du continent européen. Autrement dit, les Allemands avaient eu Hitler, qui les avait entraînés dans l’abîme, laissant derrière lui un héritage de honte qui perdurerait, tandis que les Français avaient de Gaulle, le saveur de la nation face à ses heures les plus sombres.

https://prosyn.org/3ekC9qxfr