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Fin de partie pour les Big Tech ?

NEW YORK – Dans l’environnement géopolitique d’aujourd’hui, les dirigeants mondiaux sont d’accord sur très peu de choses. Le contrôle des Big Tech émerge toutefois comme l’une des rares idées à laquelle tous pourraient adhérer. De l’Union européenne aux États-Unis et jusqu’en Chine, les autorités publiques se tournent vers les lois antitrust pour réguler la puissance de marché afin de promouvoir des économies plus équitables et plus concurrentielles. Dans les années à venir, nous connaîtrons probablement une dynamique encore plus forte en direction d’un nouveau fonctionnement entre les marchés et l’État – un système au cœur duquel résidera la législation relative aux ententes et positions dominantes, et dans lequel les grandes sociétés technologiques constitueront la principal cible.

L’inquiétude généralisée qui alimente cette évolution réside en ce que les Big Tech sont tout simplement devenues trop « big ». Depuis des années, ces géants technologiques sont accusés de favoriser leurs propres produits sur les places de marché en ligne dont ils sont à la tête, abusent de leur accès privilégié aux données des consommateurs à des fins d’avantage compétitif, et annihilent la concurrence en procédant à l’acquisition de toute entreprise susceptible de menacer leur position de marché. Ces pratiques laissent en fin de compte peu de choix aux consommateurs, qui sont désormais dépendants des produits et services proposés par une poignée de grandes sociétés.

C’est l’UE qui ouvre la marche dans la gestion de ces problématiques, en se fondant sur le droit de la concurrence afin de redistribuer la puissance de marché pour le bien des consommateurs. Ces dix dernières années, l’Union a mené jusqu’à leur terme trois enquêtes antitrust rien que contre Google, qui ont donné lieu à environ 10 milliards $ d’amendes. La Commission européenne enquête actuellement sur la technologie publicitaire et les pratiques de collecte de données de Google, l’App Store et les systèmes de paiement mobile d’Apple, le mécanisme de collecte de données et le modèle publicitaire numérique de Facebook, ainsi que sur le fonctionnement de la place de marché d’Amazon. Et les régulateurs de l’UE n’entendent pas s’arrêter là.

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