L'horreur judiciaire au Zimbabwe

JOHANNESBURG – La semaine dernière, la Cour suprême des USA a décidé que les prisonniers de Guantanamo ont droit à l'habeas corpus – le droit de contester le fondement juridique et factuel de leur détention devant un tribunal. Ayant travaillé pendant 4 ans au respect de la loi dans les prisons et à la légalité des méthodes d'interrogatoire aux USA, ainsi qu'à la régularité des procès devant la commission militaire de Guantanamo, je ne peux qu'applaudir cette décision. Mais maintenant que je suis à proximité du Zimbabwe, un pays où l'habeas corpus et le respect de la loi sont devenus obsolètes, je n'ai guère de raison de me réjouir.

L'habeas corpus (en latin "vous avez le corps ") est un ancien principe du droit coutumier britannique qui a été intégré à la Constitution américaine afin de protéger les citoyens contre une détention abusive décidée par les autorités. C'était et c'est toujours un élément important de contrôle de la légalité d'une détention par un tribunal indépendant. Au Zimbabwe, ce droit, comme d'autres mécanismes relatifs à l'équilibre des pouvoirs, a été mis à bas par un pouvoir répressif.

Quelques heures seulement avant la décision de la Cour suprême américaine, Tendai Biti, le secrétaire général du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), le principal parti d'opposition, a été arrêté lors de son retour au Zimbabwe. Malgré les efforts de ses avocats, pendant plusieurs jours il a été impossible de savoir où il se trouvait. La police n'a pas tenu compte d'une première injonction de justice ordonnant qu'il soit traduit devant un tribunal.

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