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L'échec de l'Amérique dans la construction d'États

TEL AVIV – « L’Afghanistan était la mission ultime de construction d’une nation », a écrit l’ancien président américaine George W. Bush dans ses mémoires de 2010. « Nous avions libéré le pays d’une dictature primitive, et nous avions l’obligation morale de laisser derrière nous quelque chose de meilleur ». Rien d’étonnant dans cette logique : les entreprises coloniales ont toujours été décrites comme des « missions civilisatrices ». Or, comme en Afghanistan, elles ont toujours échoué. Un État-nation ne peut en effet se construire que de l’intérieur.

Les États-Unis ont certes participé à la construction réussie d’États après la Seconde Guerre mondiale, en appliquant leur plan Marshall en Europe occidentale. Mail il s’agissait davantage de « reconstruire » que de tout bâtir à partir de zéro, et cette démarche a été entreprise dans des pays à l’histoire caractérisée par des capacités étatiques, une économie de marché fonctionnelle, ainsi que des traditions de cohésion nationale. Les modalités de la reconstruction furent par ailleurs déléguées quasi-intégralement aux pouvoirs locaux.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont également réussi l’exercice de la démocratisation. Mais ici encore, il ne s’agissait pas d’« exporter la démocratie » vers des pays étrangers à cette tradition, mais plutôt de construire sur la base des valeurs latentes de la République de Weimar dans une Allemagne occupée, et sur celles de la démocratie de Taishō au Japon.

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