skidelsky140_Hulton-DeutschCollectionCorbisviaGettyImages_leaderscelebrateaftertreatyofversailles Hulton-Deutsch Collection/Corbis via Getty Images

De Versailles à l’euro

LONDRES – Ce mois de juin marque le centenaire du traité de Versailles, l’un des principaux accords de la fin de la Première Guerre mondiale. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la roue tourne. Car si le traité imposait hier des réparations extrêmement lourdes à l’Allemagne, celle-ci est aujourd’hui à l’initiative de l’imposition d’une lourde dette pour un autre membre de la zone euro, la Grèce.

Bien que les cartes créanciers-débiteurs aient été redistribuées depuis 1919, le jeu reste le même. Les créanciers entendent faire payer le prix fort, et les débiteurs souhaitent l’éviter. Les débiteurs espèrent un allègement de leurs dettes, tandis que les créanciers s’inquiètent du « risque moral », tout en ignorant les effets déstabilisateurs et contagieux d’une démarche consistant à rendre encore plus pauvres les pays endettés. Triste constat, la zone euro n’a pas tiré les leçons de Versailles, et ne s’est pas non plus inspirée des mises en garde de John Maynard Keynes.

À la fin de la Première Guerre mondiale, les alliés victorieux sont déterminés à exiger de l’Allemagne la « réparation » des dégâts provoqués par le pays pendant le conflit, notamment pour pouvoir se rembourser mutuellement leurs propres dettes. À Versailles, ils échouent néanmoins à s’entendre sur une chiffre définitif d’indemnisation, et chargent la Commission des Réparations de déterminer ce montant d’ici 1921.

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