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L'université peut-elle braver le nouveau nationalisme ?

STANFORD – Les valeurs cosmopolites de l’éducation supérieure battent en retraite devant une vague montante d’isolationnisme. Les inscriptions d’étudiants étrangers dans les universités américaines sont en baisse continue, tandis que les campus associés aux universités américaines outre-mer se réorganisent ou ferment. Cette tendance est de mauvais augure, bien au-delà de l’enseignement et de la recherche.

Les universités se situent à la croisée de l’intérêt national et de buts universels. Si elles jouent un rôle dans la construction nationale, elles s’engagent aussi dans la poursuite de la vérité, qui a tiré grand profit au cours de l’histoire du libre échange des idées et du libre mouvement des enseignants et des étudiants par-delà les frontières. En un temps d’affaiblissement des institutions mondiales, l’université connaît à son tour une perte de pouvoir et d’influence. Le libre flot des idées est aujourd’hui en péril. Peut-on y changer quelque chose ?

Les universités ont acquis un statut prééminent au XIXe siècle en se rendant utiles aux États-nations, en formant les membres de leur administration, et en améliorant la technologie grâce à la recherche fondamentale. Plus tard, elles sont devenues le forum d’une collaboration mondiale, en trouvant un équilibre entre les obligations qu’elles avaient à l’égard de leur pays et les responsabilités qui étaient les leurs dans la communauté internationale. Mais les craintes suscitées par l’essor de la Chine et les soupçons d’espionnage ont fait pencher la balance, ces dernières années, vers les priorités nationales.

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