pa737c.jpg Paul Lachine

Vingt ans après Varsovie

VARSOVIE – « La Pologne – dix ans, la Hongrie – dix mois, l’Allemagne de l’Est – dix semaines, la Tchécoslovaquie – dix jours ». En novembre 1989, cette formule était sans cesse répétée à Prague, reflétant la fierté et la joie engendrées par la Révolution de velours, mais aussi les efforts prolongés qu’il avait fallu faire pour mettre fin au communisme, dont l’agonie avait commencé à Varsovie en février de l’année précédente.

En fait, le début de l’effondrement du communisme avait débuté dix ans plus tôt en Pologne, lors du premier pèlerinage du pape Jean-Paul II dans son pays natal, une visite qui devait ébranler les fondations mêmes du communisme. Dans l’année qui suivit, les ouvriers polonais se mettaient en grève pour obtenir le droit de former des syndicats indépendants, occupant les usines pour des périodes de quinze jours pour faire aboutir leurs revendications. Karl Marx aurait sans doute été fier d’eux, mais c’est le portrait du pape qui était accroché à la grille du chantier naval Lénine de Gdansk pendant la grève.

Le syndicat Solidarnosc (Solidarité), né en 1980, entama le monopole du parti communiste sur le pouvoir. Il unifia dix millions de personnes : travailleurs et professeurs, paysans et étudiants, prêtres et libres-penseurs – tous membres de la société civile. Cette ébauche de démocratie fut brutalement suspendue avec l’instauration de la loi martiale en décembre 1981, avec la mise au ban de Solidarnosc et l’arrestation de dissidents. Mais cette répression totalitaire ne pouvait durer. La démocratie n’était pas morte, elle était juste devenue clandestine.

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