stanley2_Jessica RinaldiThe Boston Globe via Getty Images_trump maga rally Jesscia Rinaldi/The Boston Globe via Getty Images

Le fascisme remportera-t-il l’élection américaine ?

NEW YORK – De nombreux Américains savent que voter pour le président sortant Donald Trump équivaut à adhérer au nationalisme blanc, ainsi qu’à une forme de pensée magique qui nie les menaces réelles telles que la pandémie et le changement climatique. Tous ne réalisent pas en revanche que le fait de ne pas voter contre Trump à l’élection de cette année constitue en soi en forme de collaboration face à un assaut d’ores et déjà mené contre la démocratie.

L’Amérique d’aujourd’hui n’est pas seulement menacée par l’autoritarisme, mais bel et bien par le fascisme, qui opère dans le cadre d’une forme de culte explicitement antidémocratique, centré sur un leader qui promet le rétablissement national face à une prétendue humiliation causée par les minorités, le libéraux et les marxistes. Or, dans la mesure où le fascisme glorifie la violence et la militarisation du pouvoir politique, nous devrions sérieusement nous méfier d’un Donald Trump qui a refusé de transférer pacifiquement son pouvoir. Même si son recours habituel à un discours antidémocratique constitue principalement une tactique de détournement de l’attention loin de son échec dans la gestion de la pandémie de COVID-19, l’emploi d’un tel langage par un dirigeant élu est extrêmement dangereux, et devrait indigner les citoyens de n’importe quelle démocratie.

Or, les Américains ne se montre pas particulièrement choqués. En normalisant le discours antidémocratique et l’idéologie qui s’y rattache, Trump a progressivement normalisé également le pouvoir autoritaire. C’est la raison pour laquelle l’élection imminente doit être comprise comme une lutte pour la survie même de la démocratie américaine. La stratégie de Trump consistant à mettre à mal les normes démocratiques et la légitimité de l’élection rappelle tristement la destruction des démocraties d’Amérique latine dans les années 1960 et 1970, lorsque plusieurs autocrates avaient façonné un environnement dans lequel des agissements auparavant considérés comme illégaux étaient soudainement devenus la nouvelle norme.

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