President Trump addresses the UN Alexander Shcherbak/Getty Images

L’hypocrisie de Trump devant l’ONU

DENVER – Le tout premier discours du président américain Donald Trump devant l’Assemblée générale des Nations Unies restera gravé dans les mémoires, notamment pour son vocabulaire étrange : une Corée du Nord qualifiée de « perverse », l’Iran de régime « meurtrier », Cuba et le Venezuela de gouvernements « corrompus ». En plus de dénoncer nommément plusieurs États voyous, Trump a défendu avec ferveur sa vision de « l’Amérique d’abord ».

Bien que ce choix de mots si particulier soit une nouveauté devant les Nations Unies, les arguments de Trump ne le sont pas. Le président américain a souligné, avec une forme de raison, que les autres État servaient eux aussi avant toute chose leurs propres intérêts nationaux. Trump a également formulé un reproche bien connu dans les cercles de la politique étrangère américaine : le fait qu’il soit quelque peu excessif et inéquitable d’attendre du contribuable américain qu’il finance 22 % du budget total de l’ONU.

Après avoir appelé l’Assemblée générale à jouer son rôle dans la mise en œuvre et l’exécution des sanctions contre la Corée du Nord, Trump a déclaré « Voyons comment les choses se passent ». Seulement voilà, en se considérant de la sorte comme un observateur extérieur de l’ONU, Trump semble sous-entendre qu’il s’agit d’une entité bien distincte des États-Unis. Le ton employé par le président est celui d’un locataire insatisfait, qui reprocherait à son propriétaire le mauvais entretien des lieux. Or, l’ONU n’excelle qu’à la hauteur de ceux qui l’habitent, en premier lieu desquels les États-Unis.

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