NYC cargo ship Roberto Machado Noa/Getty Images

Le projet fiscal de Trump et le dollar

CAMBRIDGE – Maintenant que Trump a été élu et que les républicains contrôlent les deux Chambres du Congrès, la fiscalité des entreprises va être réformée. Le projet en discussion comporte deux éléments fondamentaux : une baisse du taux de l'impôt sur les sociétés qui devrait passer de 35% à 20% ou même 15%, et la création d'une "taxe d'ajustement frontalier" qui s'apparente à la TVA à laquelle les entreprises ne sont généralement pas soumises. Ces dernières ne pourraient plus déduire le coût de leurs importations de leur revenu imposable, par contre les revenus tirés de leurs exportations ne seraient pas taxés.

S'appliquant uniquement aux importations et aux biens produits sur le sol américain, cette réforme favorise les exportations. On discute beaucoup pour savoir si elle améliorerait la balance commerciale des USA. Ayant travaillé sur ce thème dans le cadre de notre étude sur les dévaluations fiscales, nous pensons qu'une taxe d'ajustement frontalier sera probablement contre-productive et diminuera la valeur des avoirs nets étrangers des USA.

L'idée d'utiliser des instruments de politique budgétaire afin d'améliorer la compétitivité date de Keynes. En 1931 dans le rapport Macmillan destiné au Parlement britannique, Keynes proposait une taxe sur les importations jointe à une subvention sur les exportations qui aurait le même effet qu'une dévaluation du taux de change, tout en maintenant la parité de la livre par rapport à l'or. Dans notre propre étude, nous avons montré que les pays qui maintiennent un taux de change fixe ou qui appartiennent à une union monétaire peuvent obtenir le même résultat en reportant les charges sociales sur la TVA. Cette mesure a attiré l'attention des pays de la zone euro, l'Allemagne l'a appliquée en 2006 et la France en 2012.

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