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Une Amérique plus blanche ?

NEW YORK – L’assaut mené par les partisans de Donald Trump contre le Capitole des États-Unis, encouragé par le président lui-même, constitue l’issue prévisible de son assaut de quatre ans contre les institutions démocratiques, soutenu par tant de responsables du Parti républicain. Personne ne peut dire que nous n’étions pas prévenus : Trump a fait savoir qu’il s’opposait à une transition pacifique du pouvoir. Nombre de ceux qui ont bénéficié d’un Trump à l’origine de fortes réductions d’impôt pour les grandes entreprises et les plus fortunés, d’un démantèlement des réglementations environnementales, ainsi que de la nomination de juges favorables aux affaires, savaient pertinemment qu’ils concluaient un pacte avec le diable. Soit ils estimaient pouvoir contrôler les forces extrémistes déchaînées par Trump, soit cela leur importait peu.

Vers quoi l’Amérique se dirige-t-elle alors désormais ? Trump constitue-t-il une aberration, ou le symptôme d’un mal national plus profond ? Peut-on faire confiance aux États-Unis ? Dans quatre ans, les forces qui ont propulsé Trump ainsi qu’un parti largement acquis à sa cause triompheront-elles à nouveau ? Que faire pour prévenir une telle issue ?

Trump est le produit de forces multiples. Depuis un quart de siècle au moins, le Parti républicain a compris qu’il ne pouvait représenter les intérêts des élites d’affaires qu’en adoptant des mesures antidémocratiques (de type entrave aux votes et remaniement des circonscriptions électorales) et en se rapprochant d’alliés peu attachés à la démocratie, tels que les fondamentalistes religieux, les suprématistes blancs et les populistes nationalistes.

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