Brooklyn development Robert Nickelsberg/Getty Images

Le mur virtuel de Trump

CAMBRIDGE – À de nombreux égards, le projet du Parti républicain visant à appliquer une « taxe d’ajustement frontalier » aux États-Unis apparaît comme le complément virtuel du mur bien réel que le président Donald Trump entend construire à la frontière mexicaine. Bien que la question d’une taxe d’ajustement aux frontières ne soit pas ancrée dans la conscience du public aussi profondément que la question du mur physique envisagé par Trump, cette taxe pourrait bien impacter l’Américain moyen dans une mesure beaucoup plus importante – et pas nécessairement favorable.

En surface, l’idée de base consiste à imposer une taxe d’environ 20 % sur les importations, ainsi qu’à accorder, dans une mesure équivalente, un certain nombre d’allégements d’impôts du côté des exportations. Réaction instinctive, la plupart des partisans populistes y voient une très bonne nouvelle pour les emplois américains, puisqu’il s’agit d’encourager les exportations et de dissuader les importations. Seulement voilà, comme le soulignent de nombreux observateurs, cette logique néglige un important écueil : les États-Unis appliquent un système de taux de change flottants.

Un dollar plus fort – conséquence probable d’une taxe d’ajustement aux frontières – permet aux Américains de payer moins cher leur importations (puisqu’un dollar équivaut à davantage en devise étrangère) et rend réciproquement les exportations américaines plus coûteuses pour les pays étrangers. L’hypothèse scolaire mise en avant consiste à affirmer que l’effet de change contrebalancera intégralement la taxe, et que la balance commerciale demeurera inchangée. Si vous pensez que la proposition des Républicains est une supercherie, vous avez sans doute raison, mais nous y reviendrons.

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