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L’Amérique d’abord, qu’importe la Syrie

DENVER – Aucun conflit au Moyen-Orient n’est aussi complexe que celui qui ravage la Syrie. Interviennent dans les combats un gouvernement à l’opposé des valeurs occidentales et une insurrection extrémiste sunnite qui est parvenue à un certain stade à conquérir des zones frontalières entre la Syrie et l’Irak, pour ensuite mener une guerre jusqu’aux portes de Bagdad. Les enjeux du conflit sont si importants que divers acteurs étrangers – parmi lesquels la Russie, la Turquie, l’Iran et le Hezbollah – se sont tous retrouvés impliqués.

Mais les guerres conduites en Syrie sont en réalité multiples. L’une d’elle, menée contre l’État islamique (EI), est bien connue de l’opinion publique américaine. Moins évoquée, une autre guerre entoure la succession de la maison des Assad, dynastie séculaire au pouvoir dans le pays depuis près de 50 ans. Un troisième conflit fait intervenir les Kurdes du nord de la Syrie, qui se sont joints aux États-Unis dans la lutte contre l’EI, mais dont les efforts ont fait craindre aux dirigeants turcs que les aspirations de la population kurde de Syrie inspirent les Kurdes de Turquie.

Ajoutez à ce conflit protéiforme la présence d’un président américain peu enclin à la nuance ou au détail. Donald Trump ne possède ni l’état d’esprit internationaliste, ni la capacité à saisir le message que véhicule la puissance américaine. Si l’on peut lui pardonner d’avoir affirmé que l’unique intérêt de l’Amérique en Syrie consistait à détruire l’EI, sa récente décision de retirer l’ensemble des troupes américains – qu’il a justifiée par une déclaration de victoire infondée – est en revanche inexcusable.

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