3036d90346f86f3410517400_jk694.jpg Jon Krause

Le piège de la sécurité

CHICAGO – Alors que le monde devient de plus en plus intégré, le mot « sécurité » apparaît de plus en plus souvent, comme dans « sécurité alimentaire » et « sécurité énergétique ». En général, cela signifie qu’un pays créera et contrôlera ses moyens de production quel qu’en soit le coût. C’est ainsi que les pays arabes cultivent des céréales gourmandes en eau dans le désert et que la Chine acquière des participations dans des compagnies pétrolières au Soudan. Ces décisions font-elles sens du point de vue économique ? Et si non, que faire pour réduire la nécessité qui sous-tend de telles décisions ?

Commençons par la détention d’avoirs à l’étranger. L’on pourrait penser qu’un pays détenteur d’avoirs en pétrole à l’étranger pourrait utiliser les bénéfices des ventes pour protéger son économie de prix mondiaux élevés du pétrole. Mais cela n’a aucun sens du point de vue économique. Les prix mondiaux du brut sont fixés par son coût d’opportunité. Au lieu de subventionner le prix du pétrole sur le marché intérieur (et inciter ainsi les producteurs et consommateurs nationaux à consommer trop de pétrole), il serait beaucoup plus sensé de laisser le prix domestique du pétrole atteindre le prix du pétrole sur le marché international et de distribuer aux citoyens les bénéfices exceptionnels des ressources en pétrole à l’étranger.

Le point clé est que les décisions économiques fondamentales ne devraient pas être influencées par le fait de détenir des avoirs supplémentaires en pétrole à l’étranger. Mais à cause des pressions exercées par de petits, mais puissants, groupes d’intérêts, les bénéfices exceptionnels seront inévitablement alloués à des subventions nationales mal avisées. Le pays acquéreur fera en conséquence des choix économiques moins bons qu’ils ne pourraient l’être.

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